Fragments...de Justin Palermo

 


Je marchais dans les rues d'Angers, un peu perdue dans mes pensées et souvenirs. Un détail m'interpela. Je fis quelques pas en arrière et me planta devant une affiche placardée négligemment au bas d'une vitrine. Fragments, Justin Palermo, exposition au Musée Joseph-Denais, Beaufort-en-Anjou. J'aurais pu passer à côté, sans y prêter attention. Il fallait que j'y aille, c'était une évidence !
2 novembre, Musée Joseph-Denais, 16H30, fin de l'exposition, visite guidée en présence de l'artiste. Justin Palermo nous parle de ses créations, sa voix posée, colorée d'un doux accent américain.
Des créations diverses, minutieuses, "à portée de main", matières naturelles, photos, objets, souvenirs de voyage,...Certaines dialoguent avec les trésors hétéroclites du musée, trésors empaillés, égyptiens, médiévaux, utilitaires,...
Tenter de décrire ces œuvres par des mots pourrait presque les abîmer. Devant leur apparente simplicité, les mots s'échappent, s'estompent, nous laissent dans une contemplation muette où l'émotion nous emplit, le regard absorbé. Justin Palermo a su recréer le balancement de la fleur de tilleul dans le vent, l'ombre de la fleur dans la lumière, la présence discrète d'une vie fragile. Humilité, intimité. Ses frêles échelles de paille de blé montent vers le ciel, ses fleurs de tilleul dansent dans le souvenir d'une amitié. Ressentir l'invisible autant que le visible.
Broder ("suturer") des feuilles, capturer et figer sur le papier les toiles d'araignée des buissons, piquer à l'épingle à papillon de minuscules feuilles découpées, cueillir des épines de rosier pour réinterpréter le kintsugi, orner de perles des nids de frelons, raviver de vieilles bassines grises grâce aux fleurs d'hortensia, poinçonner des photos noir et blanc pour y voir un oiseau, fabriquer des bateaux de graine, assembler des samares d'érable en ailes d'ange,...
A défaut de site internet vers où vous guider, je vous livre ces quelques lignes de Justin Palermo :
"Lorsque je planifie des installations, je ne prends pas de photos. Je pense que je m’en souviendrai. Mais je ne m’en souviens jamais. Dans le musée, je me rends compte que j’ai tous ces fragments et aucun schéma pour les assembler. Quand mes plans ont disparu, je me sens riche de cette perte, libre de lâcher prise. Je me réveille dans une maison remplie de pièces flottantes, de pièces ratées, de pièces oubliées, de pièces égarées, et cela me rappelle que je peux repartir à zéro, perpétuellement."

 Merci infiniment pour ces fragments !


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