Articles

Le réveil du marronnier avec Raymond RICHARD

Image
Comment ne pas faire du marronnier un marronnier ? Le marronnier d'Inde. Vous savez, les marrons, l'automne, ces fruits inutiles, tout juste bons pour la bagarre et les bricolages des mercredis de pluie. La meilleure saison du marronnier, c'est le printemps ! La nature se réveille et célèbre sa plus grande fête, les arbres deviennent ornements. Le marronnier endosse ce rôle magnifique. Dans son poème "Le printemps", avec ses mots simples et enfantins, Raymond RICHARD a très bien saisi cette transition :  Les petits poings Des bourgeons bruns Dans la lumière Ouvrent leurs doigts Verts, verts, verts, verts… Au bout des branches Les marronniers fleuris Allument leurs bougies Roses et blanches. Les fleurs candides Des cerisiers Les aubépines Dans les prés Font une ronde folle et blanche Blanche, blanche, blanche, blanche. Au Japon, les cerisiers. A Genève, le marronnier : depuis 1818, l'éclosion de la première feuille du marronnier officiel annonce le printemps ! ...

Avant la fin des camélias

Image
Les camélias, en rang serré, le feuillage sombre et luisant, font masse derrière les grilles du Jardin des Plantes, comme un service d'ordre impénétrable et dénué de toute fantaisie. Le camélia n'est pas attrayant, je le trouve froid. Peut-être une funeste réminiscence des fleurs de camélia déposées auprès de la dépouille de mon grand-père un mois de mars. Et pourtant les camélias nous fleuriront l'hiver, ponctuant leur triste habit de fleurs aux innombrables variétés : roses, rouges, blanches, simples, doubles, semi-doubles, ... Alors, avant la fin des camélias, laissez-moi vous présenter celui que j'ai choisi, comme un ami. Je ne saurai vous le nommer, point d'étiquette à son pied. Fleur magnifique d'un blanc pur, pétales ébouriffés, pimpantes étamines dorées ! Ce camélia m'a cueillie, sans doute un matin où j'étais moins pressée, le regard vagabond. Bientôt les camélias remiseront leurs fleurs au cabanon et se contenteront d'être là, en veille. Et...

Petit portrait du lambda et digression

Image
Lambda : mot grec désignant la onzième lettre de l'alphabet grec, qui correspond à notre l Ce qui m'importe, c'est la forme de cette lettre en minuscule : on dirait l'idéogramme d'une personne qui marche… Sylvain Tesson, dans un bloc-notes "Je marche donc je suis" publié dans Trek magazine en 2011, explique pourquoi il marche. En voici quelques extraits : Je marche parce que cela me donne des idées.(…) L'agréable régularité de la foulée rassérène les êtres fébriles : le corps est occupé, l'esprit peut divaguer. Marcher, c'est donner à l'esprit l'occasion d'exercer son office. Je marche parce que la marche me réconcilie avec la nature. La différence entre le marcheur et l'automobiliste ? Le premier habite la géographie, le second la traverse. L'un prend le temps, l'autre sort son appareil photo et vole des instantanés. Marcher est l'unique manière de voir. Qu'est-ce que voir ? Se donner la possibilité de changer ...

Hirondelle végétale

Image
Ouvrir mon blog par un non-évènement, telle est mon acrobatie ! La floraison des fleurs de la Saint-Joseph ! Qui d'autre que moi peut bien encore guetter leur apparition ? Elles font partie des plantes annonciatrices du printemps, comme des hirondelles végétales. Moins exhibitionnistes que les tiges dressées des primevères officinales, moins coquettes que les anémones sylvestres. Presque insignifiantes. Un feuillage vert pâle, une petite fleur blanche. Alors pourquoi celles-ci parmi tant d'autres ? Parce qu'elles ont tapissé les chemins de mon enfance. Fleur de la Saint-Joseph : je croyais cette appellation tout droit sortie de la taxonomie officielle mais je ne l'y ai pas trouvée. Ce nom semble plutôt émaner de mes racines familiales. Vernaculaire identitaire. Stellaire holostée, voici son patronyme auprès des botanistes. Une fleur au nom d'étoile, cela n'est pas pour me déplaire, la magie opère ! Simple, sauvage, discrète. Un jalon de saison, un repère ancré d...

Le manifeste

Lambda quotidien, c'est ce qui revient chaque jour pour tout un chacun. C'est la présence du jour, l'attention portée à l'instant, l'observation des détails. C'est le simple, l'élément premier, la microparticule, la racine des mots. C'est la poésie de nos vies, en prose libre. Choisir ses rimes, s'émerveiller, toucher et être touché, voir et contempler, goûter et s'enivrer, écouter et vibrer, sentir et se souvenir. Sasser le sable du jour, recueillir les paillettes. S'affranchir du cadre, suivre le chemin du hasard. Pas d'extravagance, ni d'outrecuidance. Pas d'omniscience, ni de suffisance. Pas d'arrogance, ni d'interférence. De l'humilité,  de la sensibilité,  de la sobriété. Faire vivre son quotidien,  le nourrir comme un levain,  l'explorer, le renouveler, l'accepter,  le raconter,  avec ma palette de couleurs, tantôt sombres, tantôt lumineuses,  teintées d'ironie et de mélancolie,  se découvrir et part...